Journal

6 avril 2009 par wanda

Rio, Cinelandia …

Lundi 6 avril, 23h00, dans le café du cinéma Estacao Botafogo

 

Eh oui, aujourd’hui j’écris du café d’un cinéma ! On vient de sortir d’une séance particulière, que certains connaissent déjà car ces projections ont fait leur apparition en France il y a un an : l’Opéra au cinéma.

Pour notre première séance au Brésil, difficile de faire mieux ! (pour ceux que cela interpelle, c’est bien notre première séance ! Nous allons dans beaucoup de salles, mais nous n’avons pas le temps de rester pendant les séances ! )

 

Nous venons donc de voir « La somnambule », opéra de Bellini joué au Metropolitan Opera de New York avec Nathalie Dessay et Juan Diego Florez dans les rôles-titres, magnifique !

L’opéra dans une salle de cinéma, c’est finalement possible, le son est excellent et la visibilité est digne des premières places à l’Opéra !

 

Comme quoi, les salles de cinéma sont toujours prêtes à accueillir des contenus alternatifs, afin de faire profiter des conditions de projection, du grand écran, des fauteuils.

 

Rio a d’ailleurs plus d’une salle dans sa poche, et s’il y a bien une ville en Amérique du Sud qui mérite qu’on s’intéresse à ses cinémas, c’est bien elle !

 

Un cinéma c’est tout d’abord une histoire de façade. Il faut attirer le passant qui se promène dans les rues avoisinantes sans savoir encore s’il va devenir spectateur d’un soir.

Ainsi il y a des façades rétro, avec de grandes lettres rouges qui annoncent le nom du cinéma, Palacio, Odéon, Roxy, trois salles mythiques de Rio, dont la première a fermé ses portes récemment.

Il y a les façades plus discrètes où s’affiche le nombre de salles et dont les portes sont souvent grandes ouvertes, laissant entrevoir le hall d’entrée. C’est le cas pour le Cine Santa Teresa , l’ Estacao Botafogo, l’Unibanco Arteplex de Botafogo ou le Cine Iris.

Enfin, il y a des façades plus atypiques, telle que celle du Cine Gloria, que l’on a cherchée pendant quelques minutes, adresse en main, avant de s’apercevoir qu’elle se trouvait sous la place centrale du quartier de Gloria. En effet, avec ses allures d’entrée de piscine, le cinéma se cache sous un bassin qui orne la place.

Il y a aussi le cinéma qui a pour façade… un musée ! C’est le cas pour le cinéma du Museu da Republica : dans ce musée il y a un parc qui propose des expositions de photos, une bibliothèque et un cinéma, l’Espaço Museu da Republica ! Il faut le savoir !

 

Une fois que l’on rentre dans ces cinémas, on observe beaucoup de halls d’entrée différents, et on peut deviner à quelques années près à quelle époque ils ont été construits. Le plus vieux cinéma de Rio, le Cine Iris, cent ans cette année, en impose par son escalier central qui se déverse dans l’entrée. Cet escalier est magnifique, il monte ainsi sur trois étages entre lesquels on peut croiser de vieux projecteurs ou bien la photo du créateur du lieu. La billetterie en bois rappelle de vieux films mais en parlant de films, le Cine Iris n’accueille plus de projections classiques, mais uniquement des films interdits aux moins de 18 ans si vous me suivez… Il se transforme les premiers samedis du mois en boîte de nuit avec une ambiance différente par étage. Nous avons raté ça malheureusement, mais si l’un de nos lecteurs en a déjà fait l’expérience, n’hésitez pas à nous faire part de vos impressions !

 

Dans le même genre, le Roxy, qui lui accueille des films tous publics, a aussi gardé son imposant escalier des années trente tout en modernisant le reste : ainsi des néons qui changent de couleur font leur apparition au premier étage, et la confiserie du rez-de-chaussée ressemble aux comptoirs d’achat du McDo, étrange opposition avec l’escalier !

 

Il y a bien sûr des entrées modernes, toute de blanc vêtues, accueillant souvent des expositions, comme l’Unibanco Arteplex de Botafogo ou l’Estacao Botafogo. Les biletteries, modernes aussi, proposent de choisir sa place dans la salle sur l’écran de l’ordinateur.

 

D’autres cinémas encore sont décorés de rideaux de bobines et de vieilles affiches, tel que le Cine Santa Teresa, situé dans le quartier bobo de Rio.

 

Pour finir sur les halls d’entrée et attaquer les salles, il est important de souligner que dans les trois-quarts des cinémas que nous avons visités, on a pu trouver un grand espace pour le café, une librairie, des expositions et parfois même un espace de location de vidéos. Nous qui croyons véritablement en l’appropriation du cinéma par le public comme un lieu de vie, nous avons été très agréablement surprises par ces aménagements chaleureux.

 

À présent, la salle en elle-même. Elles se ressemblent toutes ? Non, pas vraiment. Celle du Cine Iris ressemble par exemple plus à votre salon qu’à une salle de cinéma. Quelques chaises et quelques télévisions, voilà ce qu’il reste des conditions de projection du plus vieux cinéma de Rio !

 

On a aussi trouvé une salle dans le centre culturel Banco do Brasil (première banque du Brésil), et à notre grande surprise, fauteuils, murs et plafonds sont verts ! Apparemment au Brésil, la superstition liée à la couleur verte dans le monde du cinéma et du théâtre n’est pas d’actualité (n’est-ce pas papa ?).

 

Enfin, la dernière salle qui vaut le coup d’œil et celle de l’ Odéon, vieille salle mythique de l’entre deux guerres, et la seule à avoir  gardé sa salle unique de 780 places. Elle n’a en effet jamais été détruite afin d’être remplacée par 2 ou 3 salles comme beaucoup de cinéma dans les années soixante-dix. Toute de rouge vêtue, elle tient sur deux étages et a conservé son rideau rouge pour cacher l’écran avant la projection. Ainsi le rideau s’ouvre, et le film peut commencer…chut.

2 avril 2009 par tous

CineMaterna

Jeudi 2 avril, Unibanco Arteplex Botafogo, Rio

 

Souvenez-vous, à Sao Paulo, nous avons découvert, à moitié par hasard, un nouveau concept de séances : le Cinematerna. Ces séances sont organisées spécialement pour les femmes avec des bébés de moins d’un an et qui souhaitent pouvoir continuer à aller au cinéma, sans avoir à convoquer une baby-sitter à chaque fois !

 

L’idée est née il y a maintenant un peu plus d’un an. Irene Nagashima venait d’avoir son premier enfant, et les salles de cinéma lui manquaient beaucoup. Avec des amies, dans la même situation, elle a commencé à organiser des sorties au cinéma, avec leurs bébés, de manière spontanée. Cela s’est plutôt bien passé, et de semaine en semaine, le groupe de jeunes mamans s’est agrandi. Ainsi, au bout de six mois, elle a décidé d’institutionnaliser ce nouveau type de sortie au cinéma et l’association CInematerna a vu le jour.

 

L’association a des accords avec des cinémas de Sao Paulo, et organise 2 à 3 séances par semaine dans la ville (mardi après-midi, jeudi après-midi et samedi matin en alternance). Ces séances sont adaptées aux besoins de leur public : table à langer mises à disposition, tapis de jeux devant l’écran pour les plus agités, la lumière n’est pas complètement éteinte, le son est moins fort, et l’air conditionné est mieux régulé. A Sao Paulo, ces séances ont rapidement connu un fort succès, et uniquement grâce au bouche à oreille. En effet, le seul outil de communication de Cinematerna est leur site internet.

 

Forte de ce succès rapide, l’association commence son expansion. Aujourd’hui, nous avons assisté à la première séance de ce genre à Rio. La salle était comble et un distributeur avait même accepté de prêter une bobine d’un film en avant-première. Dans la salle régnait un joyeux bordel (comme vous pourrez le voir ici). Les enfants étaient aussi excités que leurs parents et les femmes de l’association, vêtues de leur T-shirt rose orientaient les mamans dans cette nouvelle expérience : parking des poussettes sur votre gauche, table à langer sur votre droite ! Pendant la séance, le silence n’est jamais total, et la salle reste en mouvement, mais les parents assistent avec plaisir et attention à la projection.

 

A ce jour, l’association doit s’autofinancer mais les sponsors commencent à lui témoigner de l’intérêt. D’ailleurs, aujourd’hui, cette séance spéciale de lancement a été en partie financée par un fabricant de couches ! Irène pense que, d’ici à un an, Cinematerna pourra s’affranchir des contraintes de financement et ainsi continuer son expansion …. Qui sait, peut-être jusqu’à chez nous !

29 mars 2009 par tous

Flash spécial Ilha Grande

Dimanche 29 mars, à la pousada d’Ilha Grande

Samedi, alors que nous longions la Grand rue d’Ilha Grande, nous sommes tombées par hasard sur un prospectus collé sur une lanchonete (petit restaurant brésilien) : deux projections  prévues le soir même dans l’école de l’île !

Le temps de retourner à l’auberge prendre notre appareil photo et notre carnet de notes, et nous voici en chemin vers l’école Brigadeiro. Là, un écran, une petite centaine de chaises, tout était prêt dans le patio pour les 2 séances du soir. La première à 18h30 destinée aux enfants, la seconde à 21h pour les “adolescents et adultes”.

A 18h30 la salle était pleine, la conversation battait son plein, jusqu’à ce que la lumière s’éteigne, et que le silence s’installe. Les yeux fixés sur l’écran illuminé, les enfants ont regardé les différents courts métrages, chacun applaudi avec plus ou moins d’enthousiasme. Les enfants semblaient finalement décrocher vers la fin de la projection, nous en avons suivi certains qui s’amusaient à créer des chorégraphies à la sortie de l’école. Mais le succès était là, la salle était remplie, et les enfants contents de se retrouver ! Un avant-goût de leurs prochaines sorties du samedi soir…

Cette séance inattendue nous a vraiment plu, et nous en avons profité pour prendre rendez-vous avec l’organisatrice, Claudia Schuch, pour le lendemain.

Dimanche, nous avons retrouvé Claudia à la plage (normal!), et elle nous a expliqué mi en français mi en portugais, comment elle a créé son association : Ecocine, et comment celle-ci fonctionne. Elle est à l’initiative de ce projet, au départ aidée par une ONG, et elle mène à présent Ecocine quasiment seule. Après avoir déposé de nombreux dossiers au Ministère de la Culture, elle a réussi à obtenir que le matériel de projection lui soit prêté. L’action de Claudia n’est pas isolée, et grâce à la ligne d’action du nouveau ministère de la culture (Gilberto Gil), une centaine d’associations au Brésil ont bénéficié de la même aide. 

En ce qui concerne la programmation, Claudia a accès à un catalogue de films grâce à une ONG qui travaille avec ce même ministère : Programadora Brasil, et qui lui envoie les DVD qu’elle choisit sur leur site internet.

Si le concept fonctionne très bien avec les enfants, il marche un peu moins bien avec les adultes. En effet les films proposés au catalogue ne sont pas les films dont on parle à la télévision brésilienne, et Claudia a encore du mal à attirer ce public à ses projections, mais grâce à sa persévérance, nous ne doutons pas qu’elle saura y arriver.

En tout cas une chose est sûre, même sur les plages paradisiaques d’Ilha Grande, le cinéma nous a rattrapé !

Dernière mise-à-jour : 14 avril 2009