Lundi 6 avril, 23h00, dans le café du cinéma Estacao Botafogo
Eh oui, aujourd’hui j’écris du café d’un cinéma ! On vient de sortir d’une séance particulière, que certains connaissent déjà car ces projections ont fait leur apparition en France il y a un an : l’Opéra au cinéma.
Pour notre première séance au Brésil, difficile de faire mieux ! (pour ceux que cela interpelle, c’est bien notre première séance ! Nous allons dans beaucoup de salles, mais nous n’avons pas le temps de rester pendant les séances ! )
Nous venons donc de voir « La somnambule », opéra de Bellini joué au Metropolitan Opera de New York avec Nathalie Dessay et Juan Diego Florez dans les rôles-titres, magnifique !
L’opéra dans une salle de cinéma, c’est finalement possible, le son est excellent et la visibilité est digne des premières places à l’Opéra !
Comme quoi, les salles de cinéma sont toujours prêtes à accueillir des contenus alternatifs, afin de faire profiter des conditions de projection, du grand écran, des fauteuils.
Rio a d’ailleurs plus d’une salle dans sa poche, et s’il y a bien une ville en Amérique du Sud qui mérite qu’on s’intéresse à ses cinémas, c’est bien elle !
Un cinéma c’est tout d’abord une histoire de façade. Il faut attirer le passant qui se promène dans les rues avoisinantes sans savoir encore s’il va devenir spectateur d’un soir.
Ainsi il y a des façades rétro, avec de grandes lettres rouges qui annoncent le nom du cinéma, Palacio, Odéon, Roxy, trois salles mythiques de Rio, dont la première a fermé ses portes récemment.
Il y a les façades plus discrètes où s’affiche le nombre de salles et dont les portes sont souvent grandes ouvertes, laissant entrevoir le hall d’entrée. C’est le cas pour le Cine Santa Teresa , l’ Estacao Botafogo, l’Unibanco Arteplex de Botafogo ou le Cine Iris.
Enfin, il y a des façades plus atypiques, telle que celle du Cine Gloria, que l’on a cherchée pendant quelques minutes, adresse en main, avant de s’apercevoir qu’elle se trouvait sous la place centrale du quartier de Gloria. En effet, avec ses allures d’entrée de piscine, le cinéma se cache sous un bassin qui orne la place.
Il y a aussi le cinéma qui a pour façade… un musée ! C’est le cas pour le cinéma du Museu da Republica : dans ce musée il y a un parc qui propose des expositions de photos, une bibliothèque et un cinéma, l’Espaço Museu da Republica ! Il faut le savoir !
Une fois que l’on rentre dans ces cinémas, on observe beaucoup de halls d’entrée différents, et on peut deviner à quelques années près à quelle époque ils ont été construits. Le plus vieux cinéma de Rio, le Cine Iris, cent ans cette année, en impose par son escalier central qui se déverse dans l’entrée. Cet escalier est magnifique, il monte ainsi sur trois étages entre lesquels on peut croiser de vieux projecteurs ou bien la photo du créateur du lieu. La billetterie en bois rappelle de vieux films mais en parlant de films, le Cine Iris n’accueille plus de projections classiques, mais uniquement des films interdits aux moins de 18 ans si vous me suivez… Il se transforme les premiers samedis du mois en boîte de nuit avec une ambiance différente par étage. Nous avons raté ça malheureusement, mais si l’un de nos lecteurs en a déjà fait l’expérience, n’hésitez pas à nous faire part de vos impressions !
Dans le même genre, le Roxy, qui lui accueille des films tous publics, a aussi gardé son imposant escalier des années trente tout en modernisant le reste : ainsi des néons qui changent de couleur font leur apparition au premier étage, et la confiserie du rez-de-chaussée ressemble aux comptoirs d’achat du McDo, étrange opposition avec l’escalier !
Il y a bien sûr des entrées modernes, toute de blanc vêtues, accueillant souvent des expositions, comme l’Unibanco Arteplex de Botafogo ou l’Estacao Botafogo. Les biletteries, modernes aussi, proposent de choisir sa place dans la salle sur l’écran de l’ordinateur.
D’autres cinémas encore sont décorés de rideaux de bobines et de vieilles affiches, tel que le Cine Santa Teresa, situé dans le quartier bobo de Rio.
Pour finir sur les halls d’entrée et attaquer les salles, il est important de souligner que dans les trois-quarts des cinémas que nous avons visités, on a pu trouver un grand espace pour le café, une librairie, des expositions et parfois même un espace de location de vidéos. Nous qui croyons véritablement en l’appropriation du cinéma par le public comme un lieu de vie, nous avons été très agréablement surprises par ces aménagements chaleureux.
À présent, la salle en elle-même. Elles se ressemblent toutes ? Non, pas vraiment. Celle du Cine Iris ressemble par exemple plus à votre salon qu’à une salle de cinéma. Quelques chaises et quelques télévisions, voilà ce qu’il reste des conditions de projection du plus vieux cinéma de Rio !
On a aussi trouvé une salle dans le centre culturel Banco do Brasil (première banque du Brésil), et à notre grande surprise, fauteuils, murs et plafonds sont verts ! Apparemment au Brésil, la superstition liée à la couleur verte dans le monde du cinéma et du théâtre n’est pas d’actualité (n’est-ce pas papa ?).
Enfin, la dernière salle qui vaut le coup d’œil et celle de l’ Odéon, vieille salle mythique de l’entre deux guerres, et la seule à avoir gardé sa salle unique de 780 places. Elle n’a en effet jamais été détruite afin d’être remplacée par 2 ou 3 salles comme beaucoup de cinéma dans les années soixante-dix. Toute de rouge vêtue, elle tient sur deux étages et a conservé son rideau rouge pour cacher l’écran avant la projection. Ainsi le rideau s’ouvre, et le film peut commencer…chut.