L’Inde compte 13000 écrans, dont 1000 au sein de multiplexes. Depuis 1997, plus de 200 multiplexes ont ouvert leurs portes en Inde, le plus souvent dans des centres commerciaux. Cependant ils ne représentent que 8% des cinémas du pays et la majorité des écrans indiens appartient encore à des cinémas mono-écran traditionnels. L’Inde bénéficie d’une assez bonne répartition des salles sur son territoire, et des villes comme Mumbai et New Delhi abritent chacune 200 écrans en moyenne.
Les principaux réseaux de multiplexes indiens sont Big Cinemas (le 1er en termes d’écrans), PVR (le 1er dans le temps), Inox, Fame, Fun et Cinemax. Ils sont en plein développement et leur nombre total d’écrans pourrait tripler d’ici fin 2010. D’ailleurs, s’ils sont encore largement minoritaires sur le territoire, ils occupent une place prépondérante sur le marché, puisqu’ils dégagent plus de 50% du box office national, avec un ticket moyen près de 8 fois plus cher que dans les salles traditionnelles. Ainsi une place dans un multiplexe coûte en moyenne 200 Rp (soit 3€), quand une place dans un cinéma traditionnel vaut généralement dans les 30 Rp (soit 0,45€).
Cet écart de prix induit une différence importante de public. Seuls les indiens aisés et/ou issus d’un milieu socio-culturel élevé fréquentent les multiplexes. En effet, les multiplexes sont non seulement beaucoup plus confortables que les cinémas traditionnels, mais ils offrent aussi une programmation plus large. Alors que la programmation des cinémas traditionnels est quasi exclusivement nationale, les multiplexes profitent de leurs nombreux écrans pour diffuser (un peu) plus de films étrangers, américains pour l’essentiel. Le cinéma national conserve néanmoins un statut unique au monde, avec 93% des parts de marché sur l’ensemble des cinémas indiens. Les films américains en détiennent quant à eux 6%, ce qui laisse un petit pourcent pour les films du reste du monde.
La diversité de la programmation des multiplexes s’exprime aussi à travers le genre des films. En effet, les 100 films d’« art & essai » produits chaque année en Inde sont projetés exclusivement dans des multiplexes, les mono-écrans ne diffusant que des films commerciaux.
Le marché indien est un marché très particulier du fait de la multiplicité des langues parlées dans ce pays. Bien que l’hindi soit la langue nationale, elle n’est parlée que par 7% de la population. Ainsi si l’Inde produit chaque année un nombre de films impressionnants (plus de 1000), les films dit « Bollywood » (soit produits dans les studios de Mumbai et en hindi) représentent à peine un tiers des films indiens. Chaque région a ses propres productions dans sa propre langue. Ainsi par exemple, en 2008, l’Inde a produit 1100 films, en 26 langues. De fait, le sous-titrage est quasi inexistant en Inde (hormis pour les films étrangers non anglophone, alors sous-titrés en anglais). Les rares films américains distribués dans les cinémas traditionnels sont toujours doublés en hindi et les multiplexes qui choisissent de les montrer en VO ne les sous-titrent pas en hindi pour autant.
Aux vues de l’importance de son marché cinématographique, l’Inde a pris les devants concernant sa transition numérique. Dès 2006, elle a développé son propre système numérique, UFO, non reconnu par les standards américains, mais de qualité suffisante pour permettre aux films indiens d’être mieux distribués sur l’ensemble du territoire. A ce jour, 300 écrans sont équipés avec ce système. Le système UFO est particulièrement populaire auprès des cinémas mono-écrans. Les multiplexes préfèrent quant à eux s’équiper selon les standards internationaux, surtout dans leurs complexes situés dans des grandes villes. A ce jour 200 écrans indiens sont équipés en 2K.
Enfin, pour ce qui est des particularités du pays, les films sortent en salle le jeudi, et dans 99,9% des cas, il y a un entracte pendant la séance (qu’il s’agisse d’un film Bollywood de 3h ou d’un film américain d’1h45). L’hymne national fait toujours partie de l’avant-séance, et à cet instant, le public se lève et les retardataires sont tenus d’attendre la fin de l’hymne pour entrer dans la salle. D’ailleurs dans les mutliplexes indiens, plus la peine de passer l’avant-séance à faire la queue à la confiserie : pop-corns, pizzas et autres crêpes sont « livrés » directement en salles !
Un grand merci à Valerie-Anne Christen, Patrice Vanoni et Shyam Shroff pour leur aide précieuse !