Mercredi 20 mai, dans notre auberge de jeunesse, à Buenos Aires
Nous avons assisté à une séance particulière hier, qui avait lieu dans la Bibliothèque Municipale de Buenos Aires. Mais avant d’en arriver là, revenons quelques semaines en arrière, lors de notre rencontre avec une association culturelle très dynamique : La Nave de los Sueños (littéralement, l’atelier des rêves ).
Cette association au nom prometteur est née de l’envie commune d’un groupe d’amis, tous plus ou moins artistes, de générer de nouveaux espaces de diffusion et d’exploitation de la culture en Argentine.
En 1995 ils ont donc créé La Nave de los Sueños et depuis ils ne cessent de s’investir dans différents projets culturels en mettant l’accent sur la promotion des œuvres audiovisuelles indépendantes.
Ils se définissent tout simplement comme des « participants de la culture ».
Gabriel Patrono, président de l’association, nous a parlé avec passion des actions de La Nave ainsi que de sa vision de la culture en Argentine actuellement.
La Nave a commencé par créer un festival international de courts-métrages itinérant, le festival Sueños Cortos (les rêves courts) destiné à étendre les canaux d’exploitation de ce format de film dans tout le pays. Le Festival a eu lieu pendant 5 ans, de 1999 à 2004, au moment où peu de festivals existaient en Argentine. Il y avait donc un réel besoin a cette époque, mais le projet s’est avéré trop ambitieux et trop cher, d’autres festivals tel que le fameux Bafici ont fait leur apparition et La Nave a décidé de se tourner vers de nouveaux projets. Ils produisent par exemple un programme sur la chaîne de TV Canal (à) le programme Cortorama, dédié, comme son nom l’indique, aux films courts.
Ils ont organisé de nombreuses tournées de rétrospectives des meilleurs courts-métrages argentins et ont proposé des contenus pour des cycles, des festivals nationaux et internationaux. Plus de 50 festivals en Argentine font appel à eux pour leur programmation.
Gabriel nous a expliqué que depuis 2001 et la crise argentine, la culture est plus foisonnante que jamais. De nouvelles générations de cinéastes font leur apparition, il y avait plus de 14 000 étudiants en cinéma à Buenos Aires en 2001. C’est donc une période d’ébullition créative, l’Argentine fait actuellement face à un grand renouvellement et à une surproduction, mais le public ne suit pas.
En fait, notre époque fait face à un exode du public, qui consomme l’art chez soi. Ainsi le public n’a pas arrêté de consommer de la culture, il le fait juste d’une autre manière.
Dans ce contexte, La Nave tente toujours d’organiser de nouvelles actions pour promouvoir les cultures alternatives et de nouveaux espaces de diffusion, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, en privilégiant toujours l’originalité et la créativité.
Depuis 2006, La Nave organise des cycles dédiés au cinéma et à la musique à la Bibliothèque Nationale de Buenos Aires. Nous avons assisté à la première séance de sa 4ème édition, dans une salle comble et très bien aménagée pour la projection. Entre débats avec les réalisateurs présents, diffusion de courts-métrages et de vidéo-clips, et animation musicale, nous sommes sorties de cette séance particulière en pensant que les œuvres audiovisuelles alternatives avaient de beaux jours devant elles avec de tels représentants !