En Argentine, on compte 5 grands réseaux de multiplexes. Quatre fonctionnent selon le même modèle, à savoir :

- 2 réseaux américains implantés dans toute l’Amérique Latine : Cinemark et Showcase

- 2 réseaux à la base australo-américains, mais aujourd’hui majoritairement argentins : Village et Hoyts

Le cinquième réseau est un réseau entièrement argentin : le réseau Atlas. Contrairement aux 4 autres, il s’est d’abord développé à travers des cinémas avec 1 à 2 salles. Ses derniers complexes ont à présent 5 salles, quand les 4 autres chaînes de multiplexes ont en général une dizaine de salles par cinéma.

Ces cinq circuits détiennent près de 80% des parts de marché, les trois premiers, Hoyts, Cinemark et Village, réunis au sein de la CAEM (Chambre Argentine des Exploitants de Multiplexes), en accaparant plus de la moitié à eux seuls. Le premier cinéma du pays, tant en termes de billets vendus, qu’en nombre de salles est le multiplexe Village Recoleta de Buenos Aires. Ses 16 salles attirent depuis 2004 plus de 2 millions de spectateurs par an.

La programmation des multiplexes argentins est assez variée, allant des blockbusters américains aux succès publics européens. Les films étrangers sont d’ailleurs toujours diffusés en version originale, exception faite des films pour enfants et en 3D. En ce qui concerne les films argentins, les multiplexes sont soumis à une double réglementation de l’INCAA :

1.  La Cuota Pantalla (quota par écran) : si le nombre de tickets vendus sur une semaine pour un film argentin dépasse un certain seuil fixé par l’INCAA, le film doit être reprogrammé la semaine suivante.

2. Les cinémas de plus de 5 salles sont obligés de programmer au moins un film argentin par semaine.

Toutes les salles de ces réseaux de multiplexes sont équipées en 35mm, et contrairement aux salles d’art & essai argentines, elles ne projettent aucun film en DVD. Le cinéma Village Recoleta est d’ailleurs le complexe n°1 du circuit mondial Village Roadshow en termes d’innovations technologiques (à noter, ce réseau est présent dans 25 pays !). Bien que le numérique soit très peu développé en Argentine pour le moment, chaque réseau de multiplexes a ouvert des salles en 3D. Le réseau Showcase est néanmoins le seul à avoir une salle IMAX à ce jour.

A Buenos Aires, les salles d’art & essai les plus importantes sont les salles du réseau Arteplex, la salle Leopoldo Lugones, la salle de cinéma du MALBA (Musée des Arts Latino-Américains de Buenos Aires), l’Arte Cinema, qui a ouvert récemment, et le Cine Cosmos, qui a fermé ses portes temporairement. Chacune d’entre elles s’accorde sur la qualité de la programmation des autres, c’est pourquoi elles se définissent elles-mêmes comme le Circuito Cultural du Cinéma de Buenos Aires.

Avec ses 3 cinémas d’art & essai, tous situés dans la capitale, le groupe Arteplex est le premier circuit de salles d’art & essai d’Argentine (9 salles en tout, soit 2100 fauteuils). Les Portenos voient en l’Arteplex le cinéma du cinéma européen. En effet, 85% de sa programmation est constituée de films européens, les 15% restants étant argentins, conformément aux quotas de l’INCAA. Les distributeurs européens eux-mêmes s’adressent toujours en premier (et souvent en exclusivité) au réseau Arteplex car ils savent que leur public correspond à leurs films. Seul petit bémol : les films sont presque tous projetés en DVD.

Si Arteplex est le premier réseau d’art & essai, la salle mythique reste la salle Leopoldo Lugones, inaugurée en 1967, au dernier étage du Teatro San Martin. Salle chouchou des critiques et des cinéphiles, elle propose une programmation composée de cycles et de rétrospectives. Ses projections donnent souvent lieu à des débats informels et animés entre passionnés.

Ouverte plus récemment (en 2001, soit un an après l’ouverture du musée), la salle du MALBA a elle aussi un statut particulier auprès des cinéphiles. Complètement intégrée au musée (notamment au niveau de son financement), elle fonctionne néanmoins comme un cinéma à part entière, du jeudi au dimanche, entre 14h et minuit. Elle noue des liens particuliers avec les jeunes réalisateurs argentins et propose une programmation mensuelle, composée de cycles mais aussi de films en exclusivité. Sa politique de programmation est faite pour donner sa chance au film, ainsi par exemple, Rio Arriba (film argentin de Ulises de la Orden) est resté à l’affiche pendant deux ans !

Depuis le 9 avril 2009, le Circuito Cultural a accueilli un nouveau cinéma en son sein : l’Arte Cinema. L’ambition de ses propriétaires (six producteurs de renom, espagnols et argentins) : en faire le cinéma du cinéma latino-américain. Situé dans un coin oublié de Buenos Aires, Constitucion (un genre de Barbes à l’argentine !), ce cinéma s’inscrit également dans un projet de redynamisation dudit quartier.

Un triste écho à l’ouverture d’un cinéma, la fermeture d’un autre : le Cine Cosmos. Cinéma très actif depuis plus de 30 ans, connu pour ses archives de films d’ex-URSS et sa programmation engagée, le Cosmos a fermé ses portes au public fin mars 2009. Il continue à programmer des séances spéciales pour les scolaires, dans l’espoir de pouvoir rouvrir un jour. Affaire à suivre, donc !