Chacun son cinéma
PhotosAperçu des salles d’art & essai de Medellin
Les salles de cinéma de Bolivie et du Pérou
La situation de l’exploitation en Bolivie et au Pérou est similaire sur de nombreux points, c’est pour cela que nous avons décidé de traiter ces deux pays ensemble.
Tout d’abord ce sont deux petits marchés tant en en termes d’écrans que de productions nationales (4 à 5 productions nationales par an en moyenne). Au moins deux raisons à cela : leurs parcs de salles ont été décimés dans les années 90 et les politiques culturelles en faveur du cinéma sont encore en développement. Depuis la fin des années 90 néanmoins, ces pays connaissent un nouvel essor grâce à l’apparition de chaînes de multiplexes nationales, qui dominent aujourd’hui le marché, laissant peu de place à leurs concurrentes transnationales.
Deuxième point commun : ce sont sûrement les deux pays d’Amérique du Sud les plus touchés par le problème de la piraterie. On peut trouver des DVD piratés dans des petits stands à la sauvette près des salles, mais aussi dans de véritables boutiques, prévues à cet effet. Ce problème est accentué par le fait que la Bolivie et le Pérou constituent un 3ème marché en terme de distribution. Les bobines des films sont d’abord exploitées en Espagne, puis au Mexique, Argentine et Colombie, avant d’arriver dans ces deux pays, parfois jusqu’à deux ans plus tard.
La Bolivie compte une quinzaine de cinémas sur son territoire, répartis comme tel :
7 à La Paz, 3 à Cochabamba, 2 à Santa Cruz, 2 à Potosi, 1 à Sucre et 1 à Tarija. Les écrans boliviens sont donc concentrés essentiellement dans les trois plus grandes villes du pays (La Paz, Cochabamba et Santa Cruz) quand le sud Bolivien n’en a qu’un (à Tarija) ! Le parc de l’exploitation bolivien se démarque en Amérique Latine par l’absence de chaîne de multiplexes étrangère. La principale chaîne de multiplexes bolivienne, Cine Center, est née en 2004, avec l’ouverture de son premier complexe à Santa Cruz. Elle s’est ensuite développée à Cochabamba, et devrait ouvrir d’ici fin 2009 son premier cinéma à La Paz (avec plus de 12 écrans).
Le parc de salles de La Paz va d’ailleurs être bouleversé d’ici la fin de l’année car un autre multiplexe est également en construction dans la banlieue sud de la ville et grâce à ces deux nouveaux cinémas, le nombre d’écrans de la capitale va plus que doubler (d’une quinzaine à une quarantaine d’écrans).
A ce jour, 4 cinémas se démarquent à La Paz : le Cine Municipal 6 de Agosto, la Cinémathèque Bolivienne et deux cinémas plus traditionnels, le Monje Campero et le Cine 16 de Julio, le Cine Municipal étant la seule salle avec une programmation exclusivement art & essai.
Le Pérou compte quant à lui 368 écrans répartis dans 43 cinémas, dont plus des trois quarts à Lima (32 cinémas, soit 288 salles). Sur les 25 régions péruviennes, seulement 10 bénéficient d’au moins un cinéma.
Les grandes chaînes de multiplexes péruviennes sont :
- CinePlanet : Créée en juillet 2000, c’est la première chaîne péruvienne en termes d’écrans, répartis au sein de ses 14 complexes.
- Cine Star : La seconde chaîne de multiplexes péruvienne a ouvert le premier multiplexe du pays en 1995, à Lima, en lieu et place d’un ancien ciné du centre historique, le Cine Excelsior. A ce jour, le réseau est composé de 10 complexes.
- UVK : Cette chaîne, composée de 6 cinémas, est la seule au Pérou à avoir une salle de luxe, ouverte il y a 10 ans, le CineBar, au sein du cine UVK-Larcomar de Lima.
La chaîne américaine Cinemark s’est également implantée au Pérou, mais reste minoritaire dans ce pays, avec seulement 4 cinémas.
En ce qui concerne les salles d’art & essai, elles sont presque inexistantes. Le cinéma indépendant vit au Pérou grâce aux nombreux ciné-clubs ouverts dans les centres culturels et universités du pays.
Si la politique culturelle cinématographique est encore en développement, les professionnels du secteur se sont réunis récemment afin de soutenir le cinéma, autour de la loi PROCINE, forte de 4 objectifs ambitieux :
- Ouvrir plus ds cinémas dans plus de villes
- Proposer des projections gratuites pour favoriser l’accès au cinéma
- Lutter contre la piraterie
- Soutenir la production nationale
(pour en savoir plus : www.cineparatodos.com.pe)
Vous retrouverez plus d’infos sur le blog, sur les salles suivantes :
Les nouveaux multiplexes Boliviens en photos ici
Les cinémas traditionnels de La Paz en photos ici
Les salles alternatives de La Paz : pour lire l’article - pour voir les photos - pour lire l’article publié sur le site d’Europa Cinémas
Les anciennes salles d’Arequipa en photos ici
Les multiplexes de Lima en photos ici
El Cinematografo : pour lire l’article - pour voir les photos
Un grand merci à Eric Rousseau et Pierre Losson pour leurs précieux conseils
El Cinematografo : une salle aux allures de ciné-club
Parmi les rares cinémas d’art & essai du Pérou, nous avons découvert le Cinematografo, à Lima, petite salle familiale, qui tient plus du Ciné-Club que d’un cinéma à proprement parler.
Inauguré en mars 1988, par Sonia Arispe et son époux Mario Rivas, et avec le soutien de l’Ambassade de France, le Cinematografo a ouvert ses portes dans une petite maison typique de Barranco, le quartier bobo et culturel de Lima. Il était important pour ses deux fondateurs de conserver l’ambiance et l’architecture traditionnelles du quartier, et effectivement, quand on entre dans le Cinematografo, on comprend vite que l’on n’a pas affaire à une salle ordinaire. Une façade rose avec un auvent qui rappelle un chapiteau, un mini hall où la billetterie se confond avec un comptoir de bar et un long couloir carrelé qui conduit à la petite salle de projection de 70 fauteuils, décorée de tableaux en tout genre. Lors de notre passage, le couloir accueillait d’ailleurs une petite exposition de photos sur les veilles salles de cinéma de Lima. Coïncidence ;) ?
La majorité des films du Cinematografo sont projetés en DVD, bien que la salle soit également équipée en 35mm. La programmation de ce cinéma est très éclectique et répond souvent à une thématique quotidienne : le lundi, le cinéma national est à l’honneur, le mardi, ce sont les documentaires, le jeudi, du cinéma asiatique et ainsi de suite. En été, le Cinématografo a aussi pris l’habitude de programmer des films accompagnés en live par des musiciens. Si l’éventail des films projetés au Cinematografo est si large, c’est parce que son programmateur, grand critique de cinéma péruvien, n’hésite pas à piocher dans sa collection personnelle pour faire le bonheur des habitués.
Qu’en est-il des droits alors nous direz-vous ? Une bonne question, à laquelle Sonia a trouvé la parade. Elle nous a expliqué qu’au Pérou, pour pallier l’absence d’une véritable cinémathèque nationale, les membres du circuit culturel n’ont pas besoin de payer de droits sur les films vieux de plus de 10 ans, afin de faciliter leur mission de formation du public. Une autre question s’en suit: qui peut-être considéré comme membre du circuit culturel ? Les salles qui proposent une programmation alternative, à des prix modérés … des critères subjectifs, qui font qu’aujourd’hui l’Alliance Française de Lima et le Cinematografo n’entretiennent plus des liens aussi étroits qu’à sa création…